2030 : vers un marché du travail transformé, bilan des tendances, enjeux et stratégies pour l’employabilité
- Omar Layachi
- 3 oct.
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La Rédaction - 03.10.2025
Le marché mondial de l’emploi s’apprête à connaître une mutation d’une ampleur rarement observée. Le Future of Jobs Report 2025 du World Economic Forum chiffre à 78 millions le solde net d’emplois créés d’ici 2030. Mais derrière ce chiffre, qui pourrait sembler rassurant, se cache une réalité autrement plus contrastée : 170 millions de postes devraient émerger, principalement sous l’effet de l’essor technologique et de l’intelligence artificielle, tandis que 92 millions de métiers actuels disparaîtront progressivement.
Cette redistribution des cartes ne se limite pas à une affaire de destruction et de création brute. Elle met en lumière la question cruciale des compétences. Les emplois en croissance sont massivement orientés vers les secteurs de la donnée, de la cybersécurité, de l’ingénierie, de l’économie verte ou encore de l’intelligence artificielle appliquée. En miroir, les fonctions menacées relèvent souvent de l’exécution de tâches répétitives ou administratives, désormais automatisables. Mais la bascule ne se limite pas aux métiers dits d’exécution : certaines activités créatives, jadis considérées comme protégées, sont elles aussi redéfinies par les progrès de l’IA générative.
Pour de nombreux observateurs, dont les analystes de Harvard Business Review, cette recomposition ne se joue pas seulement sur le terrain des technologies mais surtout sur celui des ressources humaines. Dans une enquête publiée en 2023, HBR soulignait que près de 40 % des compétences aujourd’hui requises sur le marché de l’emploi auront changé d’ici 2030. Or, la plupart des entreprises comme des systèmes éducatifs ne sont pas encore préparés à absorber un tel choc. La formation continue et la reconversion deviennent dès lors non plus un luxe, mais une nécessité vitale.
Un autre article marquant de la revue, intitulé When Hiring, Emphasize Skills Over Degrees, insiste sur l’urgence de revoir les pratiques de recrutement. Dans un monde où la vitesse de transformation dépasse celle des cursus académiques, les diplômes perdent leur statut de sésame unique. Les entreprises qui privilégient une approche fondée sur les compétences plutôt que sur les titres scolaires parviennent à élargir leur vivier de talents, à diversifier leurs équipes et à renforcer leur capacité d’adaptation. Cette tendance, déjà amorcée aux États-Unis et en Europe, s’étend aujourd’hui à d’autres régions, confirmant une inflexion durable des politiques RH.
Le défi reste immense. Les gouvernements devront jouer un rôle déterminant pour assurer l’accès équitable à ces nouvelles opportunités, en finançant la formation, en favorisant la mobilité professionnelle et en soutenant les populations les plus exposées au risque de déclassement. Les entreprises, elles, sont appelées à investir massivement dans le développement des compétences de leurs collaborateurs. Certaines pionnières expérimentent déjà des modèles hybrides, mêlant apprentissage en ligne, certifications courtes et mentorat sur le terrain, afin d’accélérer le processus de reconversion.
Mais l’enjeu n’est pas seulement économique. La mutation du travail touche aussi à la cohésion sociale et au sens même que les individus donnent à leur activité. Dans ses analyses, HBR insiste régulièrement sur la valeur des compétences humaines dites « transversales » : créativité, pensée critique, capacité d’adaptation, intelligence émotionnelle. Autant de qualités qu’aucun algorithme ne saura pleinement reproduire et qui, demain, constitueront le socle de l’employabilité.
À l’horizon 2030, la ligne de fracture ne se situera donc pas entre humains et machines, mais entre sociétés capables de faire évoluer leurs talents et celles qui laisseront leurs travailleurs à la marge. La décennie qui s’ouvre sera déterminante : elle dira si la révolution technologique accentue les inégalités ou si, au contraire, elle devient l’opportunité de bâtir un marché du travail plus inclusif, plus innovant et plus résilient.


