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Voix de la jeunesse

  • Photo du rédacteur: Omar Layachi
    Omar Layachi
  • 3 oct.
  • 3 min de lecture

La Rédaction - 03.10.2025


« Nous avons envie de réussir, mais souvent on ne nous ouvre pas les portes »


Par une fin d’après-midi douce à Rabat, Sara B., 23 ans, nous reçoit dans un petit café près de l’Université Mohammed V où elle vient de décrocher son master en économie et gestion. Elle a ce mélange de fierté et de fatigue qu’on retrouve chez beaucoup de jeunes diplômés marocains : le diplôme est en poche, mais l’avenir reste flou. Son regard trahit une lucidité désarmante.


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« On nous répète que les études sont la clé, mais une fois le diplôme obtenu, c’est un autre combat qui commence », souffle-t-elle, les doigts serrés autour de sa tasse de thé.

Des études exigeantes, mais une insertion bloquée

Issue d’une famille de la classe moyenne, Sara a choisi l’économie et la gestion parce qu’elle voulait comprendre et agir sur le monde de l’entreprise. « Je pensais que cette filière ouvrirait beaucoup de portes », explique-t-elle. « Mais aujourd’hui, je me rends compte que le diplôme seul ne suffit pas. Trouver un stage a déjà été un parcours du combattant. »

Elle raconte avoir envoyé des dizaines de candidatures restées sans réponse. Finalement, grâce à un contact, elle a pu décrocher un stage dans une PME. « J’étais censée travailler sur la gestion, mais en réalité je faisais surtout des tâches administratives. Et bien sûr, sans rémunération. Pourtant, c’est ce genre d’expérience qu’on nous reproche ensuite de ne pas avoir. »

Un avenir incertain

À court terme, Sara rêve de trouver un emploi stable. Elle aimerait travailler dans le conseil ou la finance, mais sait que la concurrence est rude. « Beaucoup de mes camarades cherchent depuis des mois sans succès. Certains pensent déjà à partir. Moi, je veux rester ici si possible, mais il faut être réaliste : si rien ne bouge, l’étranger devient une option. »

Elle marque une pause, puis ajoute dans un sourire amer : « Ce n’est pas qu’on veuille quitter le Maroc, c’est qu’on ne nous laisse pas toujours de perspectives claires. »

Des attentes simples, mais fortes

Quand on lui demande ce qu’elle attend d’un employeur, Sara est directe : « Qu’il nous donne une vraie chance. On n’a pas dix ans d’expérience, mais on est motivés. On est prêts à apprendre. Le problème, c’est que beaucoup d’entreprises cherchent un “profil parfait” qui n’existe pas. Pourtant, la jeunesse est là. »

Elle insiste aussi sur la dignité : «Un stage, c’est une période d’apprentissage, pas de l’exploitation. Si les employeurs veulent qu’on s’investisse, il faut aussi qu’ils nous respectent»

La jeunesse entre optimisme et désillusion

À travers son témoignage, c’est toute une génération qui s’exprime. Une génération qui veut contribuer, qui rêve d’avoir un rôle dans la transformation du Maroc, mais qui se heurte à un marché du travail opaque et souvent décourageant. « Je ne veux pas seulement occuper un poste. Je veux avoir l’impression d’apporter quelque chose », résume Sara.

Et quand on lui demande où elle se voit dans dix ans, elle hésite. « Peut-être ici, dans une entreprise où je pourrai évoluer… ou peut-être ailleurs. Je n’ai pas encore la réponse. »

Une mission collective

Le récit de Sara n’est pas isolé. Il illustre l’urgence de bâtir des ponts entre le monde de l’éducation, la jeunesse diplômée et les entreprises. C’est précisément la mission du label Next Gen Employer : créer un espace de dialogue où les employeurs peuvent entendre les attentes réelles des jeunes, et où ces derniers peuvent découvrir ce que le monde du travail leur offre.

Au-delà des discours, il s’agit de provoquer des rencontres, de réduire le fossé entre deux univers qui souvent se méconnaissent. Parce que l’avenir du Maroc se jouera dans cette capacité à connecter la jeunesse et les employeurs – et à redonner confiance à toute une génération qui n’attend qu’une chose : qu’on lui ouvre enfin les portes.

 
 
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